Khalid Benslimane
Khalid Benslimane est né le 12 décembre 1959 à Casablanca où il a passé une grande partie de sa vie dans l'activité très sérieuse de l'ingénierie aéronautique à définir la politique d'entretien des avions gros porteurs. Passionné de lecture et d'écriture avec un fort penchant pour la poésie, il a débuté son activité éditoriale sur la toile cybernétique en tant que chroniqueur sur différents sites littéraires puis en tant que blogueur de la première génération. Au tendre des pierres est son premier roman qu'il considère être le fruit de cette longue activité bloguesque.
Votre personnage principal semble incarner une forme de révolte face aux normes sociales et morales. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos intentions et les sources d'inspiration qui ont nourri ce portrait ?
Mon personnage incarne effectivement une révolte profonde contre des normes qu'il considère oppressives, que ce soit sur le plan social, moral ou spirituel. J'ai voulu explorer les limites de cette révolte, ce qu'elle coûte à l'individu et comment elle se nourrit d'une quête de sens. Pour construire un tel personnage, j'ai puisé la matière dans mes propres expériences, observations et interrogations face à l'ordre établi.
Le langage occupe une place centrale dans votre œuvre, à la fois comme moyen d'expression et comme objet de questionnement. Quelle place accordez-vous à l'expérimentation formelle dans votre écriture ?
Le langage, dans cette œuvre, est à la fois une arme et un moyen d'aller au-delà du langage lui même. J'ai voulu le pousser dans ses retranchements, non seulement pour traduire les questionnements du narrateur, mais aussi pour éprouver sa capacité à rendre l'indicible.
L'expérimentation formelle est cruciale dans ma démarche. Chaque mot, chaque image sont soigneusement choisis pour créer un univers poétique qui reflète l'état d'esprit du personnage. C'est une forme de liberté créative que je revendique pleinement.
Vos références culturelles, littéraires et religieuses sont très diverses. Pouvez-vous nous parler de l'importance du métissage culturel dans votre démarche d'écrivain ?
Le métissage culturel est au cœur de mon écriture. Grandir et évoluer à la croisée des cultures berbère, arabe et française m'a offert une perspective élargie, non seulement sur la littérature, mais aussi sur le monde. Dans cette œuvre, les références culturelles ne sont pas de simples ornements ; elles témoignent de cette richesse plurielle et permettent de confronter des visions du monde diverses, tout en créant des passerelles entre elles. Ce dialogue interculturel alimente profondément ma démarche et enrichit la texture de mes textes. Toutefois, il est important de souligner que l'œuvre ne se limite pas à présenter ces références comme des éléments décoratifs: elle les détourne, joue avec leurs codes, et les réinvente pour mieux interroger les cadres établis.
Votre personnage principal semble osciller entre quête de salut et tentation de l'autodestruction. Comment envisagez-vous la relation entre ces deux pulsions dans le cheminement de votre protagoniste ?
Cette tension entre salut et « autodestruction » est un moteur essentiel du récit. Mon personnage oscille constamment entre ces deux pôles parce qu'il est incapable de se détacher de ses ombres intérieures, tout en étant profondément attiré par la rédemption. C'est un combat intérieur que j'ai voulu explorer sous ses multiples facettes. Pour moi, cette dualité est au cœur de l'expérience humaine, tiraillée entre l'aspiration à la pureté et la tentation du chaos.
Votre œuvre semble s'inscrire dans une tradition de la littérature du Maghreb. Quels sont, selon vous, les enjeux et les spécificités de cette littérature aujourd'hui ?
Cette œuvre s'inscrit avant tout dans un parcours créatif qui m'est propre, entamé il y a plus de trois décennies. Elle peut être lue à la fois comme la continuité des thématiques et des formes explorées dans mes précédents ouvrages, qu'ils soient poétiques ou romanesques, mais aussi comme une rupture. Cette œuvre prolonge des thématiques récurrentes comme l'introspection, l'ironie, et l'exploration des tensions entre le profane et le sacré, présentes dans mes précédents ouvrages. Elle marque cependant une rupture par une approche formelle renouvelée, où le style, la structure narrative, et l'usage des métaphores se veulent plus audacieux et fragmentés.
Certes la littérature maghrébine est riche et complexe, mais je n'ai pas la prétention d'en offrir un panorama exhaustif. Cette tâche semble plutôt relever des chercheurs et des critiques spécialisés qui, je l'espère, auront l'œil assez aiguisé pour déceler le sarcasme qui s'infiltre à travers mes réflexions.
Au tendre des pierres
Que tout commencement s'enchaîne obligatoirement à une fin, comme le chant de l'oiseau s'enchaîne au silence et le silence, ça, il ne le connaissait que trop bien. Jeu d'ombres et de miroirs où une vie s'élabore comme lorsqu'on construit un mur qui se met à vivre et à mourir. Associant style et langage cru, mélangeant extrême pureté et vulgarité, l'auteur nous propose un roman audacieux, poétique et profondément humaniste. Cliquez ici pour l'acheter.