Les beaux jours de Kayan

ISBN : 978-9920-9107-1-2
Sortie en : Avril 2021
Format : 13 x 20 cm
Nb. de pages : 168
Prix : 135 Dhs / 15 €

Un avant-goût

"Le sourire d'Antigone" de Jean Zaganiaris explore le cheminement cathartique de Sarah, une femme de soixante-cinq ans mariée depuis près de quarante ans à Créon, un universitaire brillant mais arrogant et infidèle. Le récit s'ouvre sur Sarah, seule à la maison, confrontée à la réalité de son mariage vide et à la déception face à une vie qui ne correspond plus à ses aspirations. L'absence de Créon, parti pour un séjour prolongé (officiellement professionnel, mais en réalité pour retrouver sa maîtresse), devient le catalyseur d'une transformation profonde.

Le roman est structuré en chapitres qui suivent l'évolution de Sarah au fil de ses jours. Initialement plongée dans une profonde mélancolie, nourrie par la perte de sa place dans le monde littéraire et par le mépris dont Créon l'a toujours affublée, Sarah trouve un exutoire dans la destruction symbolique de leur bibliothèque commune. Ce geste, loin d'être une simple colère, devient une métaphore de son désir de se libérer des entraves du passé et d'une vie jugée insipide.

Le processus de débarras des livres n'est pas linéaire. Il s'inscrit dans un rythme qui reflète l'évolution psychologique de Sarah. Elle commence par les ouvrages de R., un écrivain ingrat qui l'a jadis ignorée, en les brûlant au barbecue, symbole d'une colère libératrice. Ensuite, elle se tourne vers les autres livres, les jetant à la poubelle, les abandonnant dans la rue, les offrant à des inconnus, les donnant à une association caritative. Chaque acte est minutieusement décrit, révélant la complexité des émotions de Sarah et le cheminement progressif vers l'acceptation de soi.

Ces actions symboliques de destruction permettent à Sarah de prendre contact avec une nouvelle facette d'elle-même. Elle s'accorde des plaisirs simples, longtemps refoulés sous le joug de Créon : des repas copieux, l'alcool, le cinéma. Ces actes de rébellion contre les conventions imposées par son mariage lui rendent un sentiment de liberté.